C'est Sara qu'elle voit toujours toujours dans ses rêves depuis sa mort. Sara, Bevin et elle, tout les moments qu’elles ont passé ensemble avant sa mort. Elle préfère ne pas dormir que de la voir encore et encore, parce qu'elle sait que Sara ne sera pas là à son réveil. Elle tourne dans son lit, un coup d’œil au réveil lui indique l'heure. Trois heures du matin. Elle soupire avant de finir par se lever. Discrètement, elle s'habille avant de quitter la maison par la porte de la cuisine. Elle n'a pas envie d'avoir une discussion à cette heure-ci avec ses parents sur son état mental. Elle aurait droit à se discours comme quoi le sommeil c'est important et que ce n'est pas en arrêtant de dormir qu'elle réussira à faire son deuil.
Air froid. Nuit noire. Étoiles brillantes.
Elle se laisse guider par ses pas, sans vraiment y penser. L'idée qu'un meurtrier qui court peut-être toujours en ville ne lui traverse même pas l'esprit. Elle veut marcher. Oublier. Ressentir le froid pour oublier sa tristesse. Elle marche sans savoir où elle va. Elle marche sans se soucier du reste. Et le frais lui fait du bien, ça lui donne l'impression que son corps préfère se concentrer sur le froid plutôt que sur ses pensées sombres.
Elle le sens directement quand elle arrive dans le Southside. Pas les mêmes routes. Pas les mêmes maisons. Elle ferait mieux de rentrer. Peut-être. C'est étrangement calme. Elle se souvient de Sara, qui même ici pouvait être bien vu. Alors, elle continue, ayant l'impression de découvrir une facette de ce côté de Maplewood. A bien y réfléchir, elle est presque certains de n'être jamais venue ici, seule, de nuit. Une forme qui se distingue sur le trottoir. Elle hésite un instant. Parce que ça peut se voir à cent mille qu'elle vient du Nord. Elle aperçoit la lueur d'une cigarette. Elle ne fume pas d'habitude mais ce soir...peut-être le danger et l'interdit qui l'attire. « Bonsoir » lance-t-elle une fois à la hauteur de l'inconnu. Une femme. Un visage qui ne lui dit rien. « Tu n’aurai pas une cigarette ? » Elle sait bien qu'elle a l'air de cette petite gosse pourrie gâtée du nord qui se veut rebelle en venant ici. Ça lui passe au-dessus. Elle ne veut juste pas retourner à la maison de suite.