i'm sexy and i know it (jacob)

Une - Je suis le fils ainé d'une fratrie de deux enfants. Bref, j'ai une petite sœur quoi. Mais surtout, je suis l'ainé des Baker de ma génération. Et je suis le seul garçon. Deux cousines, une petite sœur. Autant vous dire que depuis toujours, les parents, oncles et tantes, comptent grandement sur ma petite personne pour reprendre l'entreprise de sirop d'érable qui fait le succès des Baker depuis des années. Et j'avoue que ça m'arrange bien aussi. Pas besoin d'être doué en cours, pas besoin de faire mes preuves, juste besoin d'écouter les conseils des ainés, apprendre de leurs magouilles et reproduire la même chose dans quelques années. Parfait. Deux - Je suis le cousin de Sara Baker. Ca calme hein ? Le cousin de la fille qui a été retrouvé morte près de la rivière par une bande de scouts. Cette fille-là, oui. Comme je le disais juste au-dessus, je suis le plus âgé des cousins, le seul mec. Depuis qu'elles sont toutes les trois nées, j'ai leur responsabilité sur les épaules. Elles sont mes protégées. Aucun mec n'a posé les mains sur elles sans le regretter. Et là, on la tue... Je ne suis pas encore arrivé à la période du deuil où je suis censé être triste, abattu, au fond du trou. Je suis bloqué dans l'étape de colère, de haine, de rage, de vengeance. Si tu m'lis, connard, ce n'est qu'une histoire de temps avant que tu subisses le même sort que ma cousine.Trois - Je suis capitaine des Tiger, l'équipe de football américain du lycée. J'ai intégré cette équipe en même temps que j'ai intégré le lycée et je n'ai pas mis longtemps à m'imposer comme le capitaine. Après tout, quand l'fils Baker demande quelque chose, c'est assez rare que le fils Baker ne l'ait pas. Histoire que vous le sachiez. J'ai donc ce statut de mec sportif, populaire, influent, sexy, meneur, et toute la panoplie qui va avec. Oui, c'est un avantage pour l'université, même si mon nom aurait de toute façon suffit pour ça. Mais surtout, c'est un avantage pour les filles, croyez moi... Je n'ai carrément pas à me plaindre à ce niveau là. Et puis, quand même, le football c'est bien plus qu'un sport à mes yeux, c'est un défouloir sans fin, un moyen de montrer, sans l'aide de mon nom, que je suis le meilleur, toutes catégories. Quatre - J'ai 18 piges et je vais au lycée en Porsche depuis deux ans. Merci Papa, merci Maman. Je suis totalement le cliché du gosse de riches, qui n'a aucune valeur de l'argent, qui exhibe à qui veut bien le voir la fortune qu'il a sur son compte et pour laquelle il n'a pas bougé le petit doigt. Je suis le gars par excellence que le Southside hait et qui hait le Southside. (coucou Arthur...). Si seulement on pouvait raser cette partie de la ville et ne laisser que des Northsiders se balader en voiture de luxe, avec un style vestimentaire qui vaut la peine d'être regardé et une élocution correcte... Maplewood trouverait peut-être enfin la grandeur qu'elle mérite ! Cinq - Aller, petit saut dans le passé pour comprendre comment j'en suis arrivé là... Gamin, on ne m'a jamais rien refusé. J'étais le petit roi. Le premier descendant de la famille Baker, le seul garçon par la suite, la belle gueule, le sportif -j'fais du football depuis tout petit-. On ne m'a jamais dit non aussi loin que je me rappelle. Faut dire que les nounous que j'ai vu défiler ne risquaient pas de me dire quoi que ce soit, sous peine de s'faire virer dans le quart d'heure...J'étais malin, intelligent, en plus d'être riche et détestable. Ca faisait de moi l'énergumène type qui les profs, nounous, voisins, redoutaient d'avoir dans leur entourage. Six - Au collège, ça ne s'est pas arrangé. Si ce n'est que c'est l'époque où j'ai découvert les vices de la vie, me croyant grand avec un cerveau d'moineau. J'ai fait des erreurs, j'ai fait des conneries, j'ai été idiot comme tous les gosses de mon âge, sauf qu'encore une fois, l'argent de mes parents réparer bien vite les potentiels dommages. Je n'dirai pas que j'ai fait bien pire que les gars du Southside -j'suis d'ailleurs loin d'imaginer ce qu'ils vivent dans mon château doré- mais contrairement à eux, je n'ai jamais tremblé une seule fois de me faire chopper. Et après j'me demande pourquoi ils me détestent... Ah les pauvres. Non, je déconne, je m'en fous. Sept - Le style vestimentaire est essentiel pour moi. Je fais excessivement gaffe à mon allure, à ce que je porte, ce à quoi je ressemble, ce que je dégage comme impression. J'ai ce besoin irrépressible de me sentir au top physiquement, que ça soit sportivement ou vestimentairement du coup. J'ai besoin qu'on me remarque, qu'on me voit passer au lycée, qu'on s'arrête pour me regarder. J'suis un Baker, merde. On peut pas rester insensible à un Baker. D'autant plus que ces derniers temps, le rôle de revanchard s'est ajouté à la liste de mes attributs, chacun attend de savoir sur qui j'vais gueuler aujourd'hui. Huit - Je suis célibataire. Depuis peu. Pas pour très longtemps. J'enchaine les conquêtes, les filles en mal d'amour, en recherche de notoriété. Je me balade constamment avec une jolie créature à mes côtés, jolie créature ravie de se faire voir auprès du capitaine des Tigers. Un échange de bon procédé en quelques sortes. Il n'y a jamais de sentiments, d'amour. Que du sexe, et encore, pas toujours. Souvent de l'apparence, et c'est tout. La dernière fille qui a su me toucher  remonte à quelques années maintenant. Mais comme je le disais plus haut, je me complais dans cette situation parce qu'aucune n'a su attirer mon attention pour le moment. Pas parce que je n'y crois plus. J'y crois. Mais avec mon statut de tête populaire, faut faire gaffe à qui on se livre. Neuf - Depuis la mort de Sara, mon jardin secret c'est la rivière. Je ne le dis pas, je ne le montre pas, je n'en parle à personne mais qu'est-ce qu'elle manque... C'était un pilier, une sœur comme peut l'être la mienne, j'ai tout vécu avec elle, tout partagé et même si nous étions différents, c'est peut-être bien elle qui me tenait un minimum dans le droit chemin. Je vais le retrouver ce salaud, et je vais lui faire la peau. Ou payer quelqu'un pour lui faire la peau... Deuxième solution plus probable d'ailleurs. Mais pour le moment, je passe tous les matins, ou au moins un matin sur deux, en voiture, devant la rivière, près du pont, je m'arrête quelques secondes. Pour elle. Comme si ça allait changer quelque chose. Dix - Je ne le sais pas encore mais vous connaissez la magie des histoires, on peut raconter et imaginer ce que l'on veut : je vais bientôt rencontrer une fille qui va tout changer, tout bouleverser, à qui je vais m'attacher sans jamais l'avouer. Mimi, elle s'appellera. Je ne l'ai encore jamais croisé par ici, jamais aperçu, jamais entendu parler d'elle, et pourtant, ce petit bout de femme est sur le point de remettre en cause pas mal de choses concernant mon personnage stéréotypé de connard capitaine de l'équipe de football. Elle est sur le point de me prendre la tête, dans tous les sens du terme. De m'occuper l'esprit. De me faire penser à autre chose qu'à ma petite personne constamment. Merde, ça va faire mal...